Les danses interprétées durant les fêtes de Graus présentent une grande diversité d'origines et renvoient à de multiples éléments symboliques. Les différences entre les unes et les autres sont avant tout d'ordre formel. Tandis que deux d'entre elles se composent exclusivement d'hommes munis de palitroques (bouts de bois de forme grossière) et d'épées, l'autre est une danse mixte en plusieurs parties et d'origine plus récente. Les voici:
Danses des palitrocs
Héritière des danses primitives liées à la fertilité qui étaient interprétées sur les lieux de labourage, cette danse met en scène une flagellation métaphorique au moyen de palitroques. La représentation a lieu exclusivement durant la Llega, soit l'après-midi du 14 septembre.
Danses des épées
D'origine ibérique selon certains auteurs, la danse des épées de Graus est considérée comme l'une des manifestations folkloriques les plus anciennes d'Espagne. En plus de leur connotation guerrière, les danses des épées ont été associées à des fonctions médicinales (soulagement de certaines maladies et indispositions), ainsi qu'à la conjuration des esprits responsables des tempêtes (obtenue en donnant des coups d'épée dans l'air) et à la fertilité.
La danse comporte trois parties, soit trois chorégraphies très différentes les unes des autres dénommées La cardelina (Le chardonneret), Taninana o Allá arriba (Taninana ou Là-haut) et La culebreta (La petite couleuvre).
Danses des rubans
La danse des rubans est plus moderne que celles des palitroques et des épées. Selon la tradition orale, elle a fait son apparition dans les coutumes de Graus par l'entremise du résident Vicente Mur en 1876, au moment où la polka se répandait en Europe. Elle serait aussi liée à l'ancienne danse des jupes (sayas), aujourd'hui disparue. À son tour, celle-ci descendait des danses autour de l'arbre-mai, fleuri et enrubanné, qui remonteraient à l'Europe préromaine.
La danse s'accompagne d'une musique polka qui a subi quelques variations au fil du temps, en fonction des ensembles instrumentaux qui l'interprétaient. La tradition a retenu deux pièces : « La polca Vieja » (« La Vieille polka »), interprétée à la trompe de Ribagorce et au tambour, et « La polca Nueva » (« La Nouvelle polka ») ou « La Zaida », jouée par une fanfare qui demeure celle utilisée aujourd'hui.
La danse était jadis interprétée par la « cuaderna del medio » parée du traditionnel costume à volants, substituée en 1947 par huit couples mixtes vêtus du costume traditionnel de Graus, une variante de l'aragonais.
Cette danse comprend les chorégraphies suivantes :
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«Les Rubans» («Las Cintas») où les couples dansent autour d'un arbre-mai fleuri et orné de rubans successivement tressés et détressés
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«El Pasamanos»,où les danseurs forment un cercle, se croisent les uns les autres et pivotent sur eux-mêmes en se tenant par la main;
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« Le Panier » (« El Canastillo »), où les huit danseuses – puis les danseurs – se placent au centre du cercle pour danser en pivotant autour d'un anneau ;
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« Les Salutations » (« Los Saludos »), où les couples dansent un à un à l'intérieur du cercle en saluant les autres couples
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Et enfin « Le Croisé » (« El Cruce ») et « Le départ » (« La Recogida »), où les couples abandonnent la formation en cercle pour se placer les uns à la suite des autres, puis se séparent en files d'hommes et de femmes, se croisent les uns les autres, et sont emmenés par les rustres (repatanes) qui mettent ainsi un point final à la danse.
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